A Ouarzazate, quand le tourisme est mis à mal

Publié le par province Ouarzazate

Dar Daïf, une maison

d'hôtes prise en otage

 

·                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Voilà une affaire qui n  V V      Voi une affaire qui n'a que trop duré : depuis 14 mois maintenant, la maison d'hôtes Dar Daïf, à Ouarzazate, est dans l'impossibilité de travailler. Ses clients sont harcelés, empêchés de prendre possession de leurs chambres et sont régulièrement pris à parti. Pire encore, des employés ont été agressés et insultés par des manifestants en délire. La raison de tout ce "cirque" ? Le licenciement de trois employés par la direction "pour fautes graves". 

La raison de tout ce « cirque » : le licenciement de trois employés par la direction pour fautes graves.

Or, les employés en question ont contesté leur licenciement et ont entamé une série de manifestations, de plus en plus violentes. Celles-ci ont commencé par des sit-in, soutenus par des amis et autres habitants du quartier n’ayant sans doute rien d’autre à faire de leur vie, déployant des banderoles insultantes où la direction est accusée de colonialisme et de sionisme… Un relent pour le moins nauséabond de xénophobie, sans preuves aucunes. S’agit-il de réclamer des salaires non payés, des indemnités ou autres ? La loi est pourtant claire : à partir du moment où l'on paye des indemnités on a le droit de mettre à la porte un employé. Point. Et quand le motif de renvoi est une faute grave, on n’a pas à payer d’indemnités. Point.

 OZZ - Situation à Dar DaÏf (1)

Régulièrement des manifestants viennent bloquer la porte d'entrée de la kasbah d'hôtes, n'hésitant pas à utiliser la violence s'il le faut.

La direction a notifié des avertissements aux trois contestataires et les a transmis à l’inspection du travail : pour leurs indemnités, ils avaient la possibilité de saisir le tribunal. Ils ont préféré l’épreuve de force. Devant la complaisance des autorités locales, qui ont laissé les manifestants agir à leur guise, la direction, pour arrêter les frais, à indiqué qu'elle était prête à négocier et à payer des indemnités de préavis. Voilà, l’affaire semblait close et on pouvait passer à autre chose… vraiment ?

Eh bien non, puisque les trois « casseurs » se sont mis à réclamer leur réintégration ! Pour la direction, qui a passé les quatorze derniers mois à se faire traiter de tous les noms, il est strictement hors de question de les réintégrer. C’est son droit, reconnu par la loi marocaine. Seulement, désormais, les propriétaires envisagent sérieusement de tout simplement mettre la clé sous la porte. Qui seront les perdants ? Les quelques 63 employés et leurs familles qui vivent grâce à leur emploi à Dar Daïf, et, accessoirement, l’image de marque de la destination touristique qu’est Ouarzazate déjà sérieusement touchée par la crise. Triste fin de partie.

OZZ - Situation à Dar Daïf (3)Dar Daïf est un havre de paix qui n'a rien à voir avec les violences et insultes dont il est l'objet.

Sous d’autres cieux, l’administration aurait réagi, organisé des réunions de conciliation et, le cas échéant, arrêté les fauteurs de trouble et dispersé les manifestants. Pas à Ouarzazate.

A Ouarzazate, on ne veut pas s’occuper de ces questions : c’est qu’il y a, semble-t-il, "d’autres choses à faire" et que le tourisme est jugé comme une activité « secondaire »… Et certains viendront ensuite se plaindre que la région est abandonnée à elle-même… Peut-être serait-il temps d’arrêter les frais, et de fermer la région aux touristes par exemple ? Mais au-delà de ces questions purement économiques, un autre fait bien plus grave pointe le bout de son nez : celui de l’usage de la violence.

C’est un "monopole" de l’Etat qui ne peut en aucun cas être partagé avec qui que se soit, et laisser des manifestants en faire usage en toute impunité, quelles que soit leurs revendications, remet en cause l’existence même de cet Etat.

Peut-être le calcul de ces autorités est-il de laisser faire les casseurs, leur permettre de s’exciter sur une maison d’hôtes comme s’il s’agissait d’un simple « fusible » ? C’est un bien mauvais calcul : permettre à qui que se soit de contrevenir aux lois n’a jamais servi à faire avancer l’état de droit...

 OZZ - Situation à Dar Daïf (2)

Une kasbah d'hôtes exemplaire, alliant le bon goût et l'exemplarité même de l'hospitalité berbère.

(Source : La Vie touristique africaine)

 

Manifestations « pacifiques »

ou violences préméditées ?

 

·     15 juin 2011

  Un meneur monte sur une échelle pour découper et arracher l’enseigne de la kasbah d’hôtes. La porte principale est barricadée. Les caméras de sécurité sont endommagées. Ainsi qu’un véhicule de la maison Dar Daïf.

 

 

·     13 octobre 2011

La kasbah est « prise en otage » pendant deux heures. Des agents de sécurité sont menacés et chassés . Les manifestants tentent de détruire une caméra de sécurité. Le portail principal est fracassé à coups de pierres. Les pneus d’un véhicule sont lacérés.

 

·     4 novembre 2011

Des manifestants empêchent la sortie des collaboratrices de la kasbah en les menaçant. Le site est bloqué pendant deux heures. Les six portes d’accès du bâtiment sont « interdites » pendant deux heures et demi.

 

·      9 février 2012

Un « commando » s’attaque à l’entrée principale. Et tente de forcer le portail. Ce jour là, on compte un blessé grave parmi le personnel de la kasbah d’hôtes.

 

·     5 avril 2012

Les lieux sont « pris en otage » et « assaillis » pendant quatre heures. Un couple de clients ayant réservé des chambres est refoulé par les leaders du mouvement. Ils reviennent une deuxième fois, sans plus de succès pour entrer. Ce n’est qu’à leur troisième tentative, après deux heures et demi d’attente, qu’ils peuvent enfin pénétrer dans les lieux. Mais durant ce temps, 34 autres clients ont été refoulés et ont dû faire demi tour… Pendant quatre heures les six portes ont été bloquées, y compris les issues de secours. Devant cette tension incessante, une collaboratrice de Dar Daïf perd connaissance et doit être évacuée. Des clients arrivés en camping-car sont chassés… Bonjour l’hospitalité ! 

Publié dans Tourisme

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