Solar Impulse : "Good Bye Morocco !"

Publié le par province Ouarzazate

 

Composant avec les vents, Solar Impulse a quitté le Maroc (Rabat) et est retourné en Europe (Madrid...avant la Suisse)

Après un long vol palpitant et riche en rebondissements qui a tenu en haleine toute son équipe, Bertrand Piccard a posé l'avion solaire Solar Impulse sans incident à l'aéroport de Madrid-Barajas à 23 h19 (UTC), le vendredi 6 juillet, après plus de 18 heures de vol et après avoir décollé de Rabat à 5 h 17 du matin : il a parcouru 898 km à une altitude moyenne de 4.879 mètres et face à des vents souvent contraires ou de travers. Le compte-rendu de Viktoria Dijakovic, l'attachée de presse de l'opération...

Solar Impulse - 2 Rabat-Madrid

Le décollage matinal de Rabat : le Solar Impulse quitte l'Afrique pour rejoindre le continent européen.

Le vol a été entre autre marqué par la particularité suivante : le HB-SIA piloté par Bertrand Piccard a atteint la vitesse record de 157 km/h, avant de battre un autre record, une basse vitesse de 18 km/h, mais en marche arrière, oui, oui, vous avez bien lu, en vol à reculons ! Et cela pendant deux heures et demi ! Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en repensant à un commentaire qu'André Borschberg avait fait après avoir tenté pour la première fois de voler vers Ouarzazate : « Peut-être devrions-nous installer des rétroviseurs pour savoir ce qui se passe à l'arrière ! » Pendant ce vol, Bertrand n'a pas du tout eu besoin de rétroviseurs pour pouvoir admirer le magnifique coucher de soleil sur l'horizon. En effet, même s'il naviguait vers l'est, le nez de l'appareil était orienté ouest, en direction du spectacle grandiose du coucher de soleil. On en viendrait presque à se demander si Bertrand ne l'a pas fait exprès pour mieux profiter du moment...

Voici quelques notions qui vous permettront de mieux comprendre les difficultés auxquelles Solar Impulse est confronté en présence de vents contraires et de vents de travers :

vitesse sol : elle peut être définie comme la vitesse de l'appareil par rapport au sol.

vitesse réelle : il s'agit de la vitesse de l'appareil par rapport à la masse d'air qu'il traverse.

Pour que ce soit plus clair, prenons l'exemple d'un avion qui vole à 50 km/h, sans vent. Dans ce cas, la vitesse sol et la vitesse vraie sont égales à la vitesse de vol. Supposons maintenant qu'il y ait des vents contraires de 20 km/h et que le pilote maintienne sa vitesse à 50 km/h, dans une masse d'air donnée. Du cockpit, la vitesse de l'avion semblera être de 50 km/h, alors que sa vitesse sol sera en réalité de seulement 30 km/h. Ainsi, au cours de son vol, Bertrand a pu à la fois atteindre la vitesse sol de 157 km/h* grâce à d'agréables vents arrière et enregistrer une basse vitesse de 18 km/h à cause de vents contraires particulièrement tenaces.

Solar Impulse - 4 Rabat-Madrid

Arrivé de nuit à Madrid, Bertrand Piccard se prête avec humour à une interview que lui accorde son compagnon André Borschberg.

À l'occasion de ce vol particulièrement important pour les ingénieurs et techniciens de Solar Impulse, l'avion expérimental a encore une fois démontré sa fiabilité et son efficacité en matière d'économie d'énergie dans des vents jamais expérimentés jusque-là, dont la vitesse était souvent supérieure à celle de l'appareil.

Madrid est la première et dernière étape européenne du HB-SIA et de l'équipe Solar Impulse. Ces derniers retrouveront ensuite les paysages des Alpes suisses après un bref séjour en terre espagnole.

* Pour cet exercice, j'ai utilisé le km/h, mais l'unité de mesure de vitesse employée en aéronautique est habituellement le nœud (kt).

Bertrand Piccard : "Au revoir Maroc !"

"Je viens de quitter l’espace aérien marocain, avec des souvenirs plein la tête,  après un mois formidable. Ce fut un honneur de pouvoir promouvoir le programme solaire du Maroc, de côtoyer tous les jours les responsables de Masen, et un immense plaisir de constater l’enthousiasme de la population pour les énergies renouvelables. André et moi nous nous sommes longtemps réjouis de cette aventure et j’étais donc ému d’entendre pour la dernière fois la voix des contrôleurs aériens marocains. Alors que j’étais au milieu du détroit de Gibraltar, les contrôleurs étaient tous réunis à la tour ATC de Casablanca afin de me dire au revoir comme ils l’avaient fait il y a un mois pour m’accueillir. Merci le Maroc pour ces merveilleux moments. Nous serons désormais, André et moi, vos ambassadeurs."

 

André Borschberg : gain d’expérience en vol

"Bertrand sera aux commandes du HB-SIA pour tous les vols de retour du Maroc vers la Suisse. Ce sera une mission tactiquement stimulante de par les conditions météorologiques auxquelles nous devrons faire face et que nous n’avons jamais rencontrées auparavant. Le vol Rabat-Madrid en a été un parfait exemple : nous n’avons jamais eu autant de vents de travers et Bertrand a dû voler avec le nez de l’avion orienté dans une direction complètement opposée à sa trajectoire. Cela a été certainement une sensation étrange et curieuse et j’attendais avec impatience son feedback sur ce vol. C’est seulement ainsi que nous renforçons, ensemble, notre apprentissage du prototype et des vols entièrement alimentés à l’énergie solaire."

Publié dans Evènements

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