La belle odyssée de Solar Impulse (2)

Publié le par province Ouarzazate


Le prochain défi

Solar Impulse II attendra 2015 pour

faire le tour du monde...

Bertrand Piccard s’est posé àPayerne, bouclant ainsi le premier vol inter-continental. Mais une avarie sur le second prototype en construction devrait retarder le projet detour du monde.

Solar - Toulouse -Payerne (1)

L'ultime atterrissage sur la piste de Payerne (Suisse) avec Bertrand Piccard aux commandes.

Plus de 6000kilomètres sans consommer une seule goutte de carburant ! Quand il a posé Solar Impulse  sur le tarmac payernois, Bertrand Piccard a parachevé un défi lancé au même endroit le 24 mai dernier. L’avion a ainsi gagné son pari : effectuer le premier vol intercontinental, aller-retour, à l’énergie solaire, entre l’aérodrome suisse et Ouarzazate (Maroc) en passant par Toulouse, Madrid et Rabat. Un succès qui permet à toute son équipe d’entrevoir avec optimisme l’avenir et le tour du monde prévu, dès la genèse du projet il y a septans, avec un second prototype. Malheureusement une "casse" survenue sur ce second prototype devrait cependant reporter son départ.

Durée de la réparation ?
«Nous analysons dans le détail tout ce qui s’est passé», explique André Borschberg, l’ingénieur qui partage le manche à balai de l’appareil avec Bertrand Piccard. La casse du longeron central, pièce maîtresse de l’avion, qui porte la carlingue et le cockpit, lors d’un test de charge, est la conséquence du fait que toute l’équipe travaille vraiment à la limite. «C’est même étonnant qu’on ait tout pu passer du premier coup jusqu’à maintenant.» Le temps de réparation sera long: environ six
mois de travail. «Du coup, on sait maintenant que le tour du monde ne se fera pas en 2014, mais en 2015», souligne André Borschberg. L’ingénieur estime néanmoins que ce délai sera bénéfique pour encore mieux préparer le défi.

Un premier prototype au placard ?
Notamment en raison de cette avarie,
 Solar Impulse I n’a donc pas volé pour la dernière fois. «Ce n’est pas encore une pièce de musée, on l’utilisera toujours en 2013», dit en souriant l’ingénieur. Quant à la destination finale de Solar Impulse I, elle n’est pas encore connue. Son envergure – 64mètres – limite néanmoins les possibilités d’hébergement d’un avion qui ne peut être exposé qu’à l’intérieur.

Solar Impulse - Bertrand Piccard (2)

Dans son minuscule cockpit, le pilote doit pouvoir se nourrir et s'abreuver à défaut de beaucoup bouger...

Quelles différences entre les deux appareils ?
Solar Impulse II
 est vraiment prévu pour le voyage autour du monde, ce qui n’est pas le cas du prototype actuel. «Je rappelle qu’il était fait pour voler autour de Payerne. C’est parce que tout se passait bien que nous avons fait des ajouts lui permettant de réaliser un vol intercontinental.» Le deuxième appareil sera capable de traverser des couches de nuages. Et son cockpit a été conçu pour des vols de plusieurs jours et nuits avec une seule personne à bord. «Dans le simulateur, j’ai effectué un test de septante-deuxheures en février dernier avec des micro-siestes. Il s’agissait de préparer les vols au-dessus de l’Atlantique et du Pacifique au cours desquels le pilote pourra se reposer une vingtaine de minutes et confier les commandes à un système automatique de surveillance.» Pour qu’il soit physiquement possible d’être couché, mais aussi de faire un peu d’exercice pour éviter les thromboses, le volume de l’habitacle devrait doubler. Ce qui permettra également d’embarquer davantage d’eau et de nourriture.

Quid du financement ?
La recherche de fonds continue. «Le budget de construction était presque couvert avant la casse du longeron central. De toute manière, il manque encore de l’argent pour couvrir les vols tests et la mission autour du monde qui doit être effectuée avec ce deuxième prototype.» Au total, le budget s’élève à 120 millions, répartis sur à peu près dix
ans.

Solar Impulse - Retour en Suisse

Depuis la cabine de pilotage la vue est superbe par temps clair...et dans le silence le plus complet, ou presque. 

Une facture du Département de la Défense ?
La Condérération chiffre à 1
million son aide apportée à l’avion solaire. En 2011, le Département de la Défense (DDPS) a envoyé une proposition de contrat à Bertrand Piccard pour la location du hangar de Dübendorf où est construit Solar Impulse II. Elle est restée sans réponse. Du côté du DDPS, on précise que le dossier est entre les mains du Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, et que les discussions sont en cours avec le Conseil fédéral. «Je suis tout à fait serein. Ce dossier est sous contrôle grâce à Présence suisse. Il s’agit de voir dans quelle mesure cet organisme interdépartemental, responsable de la promotion de la Suisse à l’extérieur, peut utiliser notre projet et ainsi obtenir des gains autres que financiers.» André Borschberg l’affirme aussi, Solar Impulse joue un rôle d’ambassadeur et il ne voit pas en quoi ce différend financier pourrait remettre en question la présence du projet sur le sol suisse.

(Source : 24 heures)

De l'utopie à la gageure

Une aventure aérienne, humaine et technologique !

Durant plusieurs semaines, le quotidien « La Croix » a demandé à des experts et philosophes de prendre la route des utopies dites positives, ce qu’ils ont fait en donnant libre cours à leur imagination. Parmi eux, Bertrand Piccard, le co-initiateur du projet de Solar Impulse.

Solar Impulse - Bertrand Piccard (1)

Bertrand Piccard aux commandes de Solar Impulse laisse éclater sa joie lors de son arrivée à Payerne (Suisse).

« Mon rêve a commencé dans le désert égyptien, en 1999, à la fin du premier tour du monde en ballon que je venais de réaliser avec Brian Jones. À l’atterrissage, il restait 40 kg de propane liquide sur les 3,7 tonnes embarquées au départ. Plus encore que par la météorologie, notre succès avait été conditionné par la quantité de gaz nécessaire pour chauffer le ballon et le maintenir en altitude. J’ai commencé à rêver d’un aéronef capable de voler sans carburant, sans limitation de temps ni d’énergie. Je ne savais pas encore à quoi il pourrait ressembler, mais la vision était celle-là : trouver le moyen de se rapprocher du mythe du vol perpétuel.

Cette idée utopique a donné envie au directeur de la recherche de l’École polytechnique fédérale de Lausanne de commander une étude de faisabilité sur le sujet. La direction de cette étude, réalisée en 2003, fut confiée à André Borschberg, qui porte aujourd’hui avec moi la responsabilité du projet, baptisé Solar Impulse. Il s’agissait de savoir si cette utopie allait rester au stade de la vision, ou si nous pouvions envisager de lui donner corps. L’étude a mis en évidence les paramètres incroyables de taille (l’envergure d’un Airbus 340), de légèreté (1 600 kg seulement), de puissance (celle d’un scooter), que devrait avoir un avion mû par la seule énergie solaire, pour être capable de voler jour et nuit, en rechargeant ses batteries en vol.

Solar - Toulouse - Payerne (4)

Lors de son retour au bercail, la Suisse, l'avion solaire survole, ici, le célèbre Puy-de-Dôme en Auvergne. 

Dès lors, il y eut deux possibilités. Soit nous nous disions que cela paraissait extrêmement difficile et très cher, et qu’il valait mieux écouter ceux qui nous décourageaient de nous lancer. Soit nous nous y mettions quand même. Et c’est ce que nous avons décidé de faire, avec André, sans possibilité de retour en arrière. En donnant une conférence de presse pour annoncer que nous allions réaliser un tour du monde à l’énergie solaire, nous passions de l’utopie à la gageure. Le projet était lancé : nous étions condamnés à ne jamais abandonner. Notre premier succès eut lieu lorsque l’avion a effectué son vol jour-nuit historique, pendant 26 heures, en juillet 2010.

Depuis le début, Solar Impulse est porteur d’un message. L’avion est un symbole. Il doit montrer sous un jour attrayant ce qu’on peut faire sans carburant, avec les nouvelles technologies et les énergies renouvelables –qui ont longtemps été considérées comme un obstacle au développement et à la mobilité. J’ai toujours eu l’impression que l’aviation était le support idéal de l’esprit pionnier, le point de convergence de beaucoup d’enthousiasmes et d’espoirs.

Solar - Toulouse - Payerne (3)

Solar Impulse n'est pas qu'un avion expérimental, c'est aussi toute une équipe enthousiaste venue de tous les horizons.

Imaginer une grande aventure aérienne, humaine et technologique, possible uniquement grâce aux énergies renouvelables, est une manière de donner à ces dernières leurs lettres de noblesse, vis-à-vis du public, des médias et du monde politique. L’accueil extraordinaire que nous avons reçu ces dernières semaines, en volant de la Suisse jusqu’au Maroc, l’a bien montré. Nous essaierons de vivre la même chose, en 2014 ou 2015, à chaque étape de notre futur tour du monde.

Au début du projet, nous avions commencé par nous tourner vers des constructeurs aéronautiques, qui nous répondaient qu’il n’était pas possible d’élaborer un avion aussi grand et aussi léger. Nous ne pouvions pas forcer les autres à croire à notre utopie, alors André a constitué notre propre équipe.

Chez Solar Impulse, beaucoup de compétences sont venues de la voile, d’autres de la Formule 1, du modélisme, et quelques-uns, mais une minorité, du monde de l’aviation. C’est, je pense, ce qui a permis d’amener des solutions nouvelles. Pour réaliser une utopie, il faut des rêveurs créatifs, et d’autres qui sachent concrétiser les idées originales. »

(Source : La Croix)


 

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