Catastrophe routière dans le col du Tichka

Publié le par province Ouarzazate

Quarante-deux morts dans l'accident d'autocar le plus meurtrier du pays

 Quarante-deux personnes sont mortes le mardi 4 septembre, vers deux heures du matin, dans un accident d'autocar au sud de Marrakech, le plus grave jamais enregistré au Maroc, où plus de 4.000 personnes meurent chaque année sur la route. Selon un responsable local, les 42 victimes décédées sont toutes de nationalité marocaine. "Mais nous sommes toujours en cours d'identification des corps, ainsi que des blessés", a-t-il précisé au moment des faits.

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L'autocar, après avoir quitté la route pour des raisons encore inconnues, a chuté dans un ravin sur plus de 150 mètres et est retombé sur le toit.

Le véhicule a chuté dans un ravin de plus de 150 mètres en contrebas de la route alors qu'il se trouvait sur la célèbre nationale RN9, au niveau de la commune de Zerkten, dans la province du Haouz, à une centaine de kilomètres au sud de Marrakech, une des villes les plus touristiques du royaume comme chacun sait. L'accident a également fait 25 blessés, dont quatre grièvement atteints, qui ont été transférés dans différents hôpitaux de la région, notamment à Ouarzazate et Marrakech. Les corps des défunts ont été transférés à la morgue du principal hôpital de Marrakech. Le roi Mohammed VI a tout de suite apporté son soutien aux familles et a annoncé la prise en charge des frais liés aux funérailles des défunts et aux soins des blessés.

Les causes de l'accident ne sont pas encore connues, mais le bus, qui avait 67 personnes à son bord, était vraisemblablement en surcharge, a noté un responsable local du ministère des Transports. Les deux catégories d'autocars autorisés au Maroc comptent normalement entre 48 et 54 places. Une commission d'enquête ainsi qu'une cellule de crise ont été mises sur pied. Le gouverneur de la province, Younès El Bathaoui, s'est rendu sur place pour superviser les opérations de secours. Il a ensuite rendu visite à des blessés, en compagnie du ministre des Transports, Aziz Rabbah.

13 morts chaque jour sur les routes marocaines

Le drame est survenu alors que le bus descendait, de nuit, sur Marrakech, après avoir franchi le col de Tizi-n-Tichka, le plus haut du Maroc, qui culmine à 2.300 mètres. La route qui relie la ville ocre au Grand Sud - via Ouarzazate - serpente le long de la montagne sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il s'agit du plus grave accident d'autobus jamais enregistré au Maroc. En novembre 2010, un car transportant des ouvriers avait chuté dans un oued à Bouznika, près de Rabat, provoquant la mort de 24 personnes par noyade.

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La route du col de Tizi-n-Tichka est sans doute la plus spectaculaire du Maroc, mais aussi la plus périlleuse en raison de la densité de la circulation et des nombreux virages en lacets.

Les accidents de la route sont très fréquents dans le pays, par ailleurs pourtant plutôt bien pourvu en autoroutes. Selon des chiffres officiels, plus de 4.000 personnes ont trouvé la mort en 2011 (pour environ 10.000 blessés graves), soit une progression de près de 12% sur un an, en dépit de l'entrée en vigueur d'un nouveau code de la route. Dans un pays comptant un peu plus de 30 millions d'habitants, cela représente 13 morts chaque jour et une personne blessée toutes les sept minutes, selon un rapport de l'organisation arabe pour la sécurité routière.

Sur les six premiers mois de 2012, le nombre de morts était en outre en augmentation de plus de 8%, selon des statistiques du comité national de prévention des accidents de la circulation. Durant la seule journée de ce mardi tragique, deux autres accidents ont fait six morts, quatre à proximité de Settat (centre du pays) et deux autres dans la région de Ouarzazate. L'été 2012 a été marqué, hélas, par plusieurs autres accidents aux lourds bilans. Fin août, un camion s'était renversé, dans la province du Haouz, faisant huit morts et 15 blessés, dont cinq grièvement. Le mois précédent, 16 personnes ont péri en moins de 24 heures dans deux accidents survenus dans les régions de Safi (ouest du pays) et de Khouribga (dans le centre).

 (Source : AFP)

Libération : "La responsabilité est générale..."

"C’est le pire des accidents jamais survenus sur nos routes.  Pour ceux ayant déjà pratiqué la RN9 qui relie Marrakech à Zagora - via Ouarzazate - dans le Grand Sud du Royaume, ils connaissent parfaitement le caractère dangereux des innombrables virages s’étendant sur des kilomètres et des kilomètres de cette route, bordée de ravins à flanc de montagne. 
On ne cessera jamais de déplorer le manque de considération envers ce fléau routier qui frappe durement le pays. Non seulement avec nos plus de 4200 morts/an, nous faisons partie du podium des pays les plus accidentogènes au monde, mais de plus, on assiste chaque jour à un laxisme et à une démission générale quant à la chose."

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Parmi les rescapés de la catastrophe routière, cette fillette de quatre ans a été soignée dans un hôpital de Marrakech.

 Certes on se mobilise dès lors qu’un drame survient mais, c’est pour mieux se démobiliser le jour d’après. Et les problèmes de demeurer. La responsabilité est générale. L’infrastructure routière et l’état des véhicules sont déplorables, l’inconscience des conducteurs est à son comble, la cupidité et la corruption sont, plus que jamais, de rigueur sur nos routes et tant que l’attitude n’y sera pas citoyenne, on continuera de compter nos morts. Ce mardi 4 septembre, rien qu’au premier regard sur le décompte « officiel » des passagers, nul besoin d’être expert, le véhicule incriminé roulait certainement surchargé, et un accident en solitaire de nuit, à deux heures du matin, suppose le manque de sommeil, voire autre chose toujours tabou sur nos routes. Comme pour étayer cette réalité de tous les jours, au matin d’hier, au niveau du douar d’Ouled Khadij, sur la route provinciale 3601 entre Ouled Said et la ville de Settat, on déplorait quatre morts dont la conductrice d’un véhicule léger qui avait percuté sans raison apparente un mur. C’est dire toute la désolation de nos routes."

(Source : Libération, quotidien marocain)


 

 

 

Publié dans Actualité du Maroc

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